Grippe A : Au Bouscat, ils troquent le tableau contre l'écran

SANTE. Le collège Ausone au Bouscat (33) est fermé. Romain, en troisième, suit ses leçons sur Internet. Le dispositif marche mais avec l'aide des parents

Hier matin, Romain a fait du latin. Pas en salle de cours, mais devant l'ordinateur familial dans le salon de sa maison. Sa classe de troisième au collège Ausone est fermée depuis lundi pour cause de grippe A. L'adolescent a lui-même contracté le virus. Il est cloué à la maison depuis la fin de la semaine dernière. « C'est dur, dit-il. Je suis guéri et je m'ennuie. » Mais pas d'autorisation de sortie pour lui jusqu'à lundi.
Connecté sur la plateforme Argos, mise en place par l'académie de Bordeaux, il entre son nom, son mot de passe et accède directement aux cours mis en ligne par ses professeurs. Romain a suivi deux autres leçons accessibles grâce à ce dispositif mis en place mardi. Une de mathématiques, une autre d'espagnol, à partir d'une bande-son enregistrée par son enseignant.

Cours écrits ou audiovisuels

Assis lui aussi devant l'ordinateur, son père lit les documents avec son fils. Il a pris une demi-journée de congés pour accompagner ses premiers pas dans sa classe virtuelle. « Ce système permet aux élèves de garder un lien avec leur professeur », commente Emmanuel Granger. Un dispositif bien plus judicieux, selon lui, que le plan national prévu avec une diffusion des programmes scolaires via différents médias, mais qui n'a pas pour l'instant pas débuté.
« L'interface d'accueil de la plateforme est en revanche un peu compliquée pour des enfants de cet âge-là. Je ne suis pas sûr qu'ils comprennent le fonctionnement eux-mêmes. » « Je suis peu ses cours en temps normal. Mais là, je suis plus impliqué. Je me sens en fait obligé », raconte-t-il. Romain, lui, dit comprendre tout seul les leçons. Mais s'inquiète un peu. « Pour le moment, nous n'avons eu que trois cours. Si j'avais été à l'école, j'en aurai eu dix. »

Pas de correction des profs

La leçon terminée, il n'a pas à l'envoyer à son professeur. Mais peut discuter avec lui, s'il est en ligne via une messagerie instantanée. « Comment s'assurer de la compréhension de l'enfant ? questionne son père. C'est dommage qu'il n'y ait pas plus d'interactivité. Les enfants sont livrés à eux-mêmes. Sans l'aide des parents pour vérifier, je doute un peu de l'efficacité du dispositif. »
Le téléphone sonne. Au bout du fil, Gabriel, un copain de l'adolescent, qui lui annonce que tout le collège est fermé. L'arrêté préfectoral est tombé hier matin. En raison d'un nombre important de cas avérés de grippe A, la décision a été prise de fermer l'accès à l'établissement pour les 800 élèves jusqu'au 23 septembre inclus. Seul le personnel administratif et les personnels enseignant continueront à y travailler pendant cette période. Un moyen de maintenir le dialogue avec les familles.

Les non connectés pénalisés

Assise dans le canapé derrière l'ordinateur, Maya, la soeur de Romain, scolarisée en classe de quatrième ne saute pas de joie. Elle aussi a la grippe A et doit rester à la maison depuis la fin de la semaine dernière. Et elle aussi va devoir suivre les cours préparés par ses professeurs sur Internet dans les prochains jours.
Les Granger disposent de deux ordinateurs chez eux. Pas de chamailleries à prévoir donc dans cette famille, pour que les enfants travaillent dans les deux classes virtuelles. « Qu'on ait un ou deux accès à Internet, je crois de toute façon qu'ils vont beaucoup se disputer la télécommande de la télé, pas beaucoup la souris », sourit leur père.
Selon lui, Romain comme Maya n'iront pas spontanément suivre les leçons. Sandrine, leur mère, veillera au grain. Actuellement sans emploi, elle restera à la maison pour les garder, les accompagner et surveiller qu'ils ne surfent pas sur d'autres sites pendant qu'ils étudient.
« Faire jouer la solidarité »
« Mais comment vont faire les parents qui travaillent ? Tous pourront-ils prendre un congé pour s'occuper de leurs enfants qui n'ont pas école ? » Emmanuel Granger, qui est dans le bureau de l'association de parents d'élèves FCPE, s'interroge aussi pour les élèves qui n'ont pas accès à Internet chez eux.

« Pour le moment, on navigue à vue. Si la situation dure, il va falloir qu'on réfléchisse à un moyen pour que les enfants puissent tous effectivement suivre les cours. On peut imaginer des lieux, chez les uns ou les autres, où ils puissent réviser ensemble les leçons par exemple. Espérons que la solidarité va jouer. »

Romain sourit à l'idée évoquée par son père. Ses copains lui manquent. Il les a retrouvés il y a seulement deux semaines, après deux mois de vacances. « C'est dans ce type de situation que l'on se rend compte que l'école structure vraiment leur vie sociale au quotidien, confie leur mère. Deux ados qui tournent en rond à la maison, ce n'est pas facile à gérer. »

Son époux regrette, lui, que le collège ait fermé si tôt. « Il ne faudrait pas qu'il rouvre puis, si l'épidémie continue, referme ensuite. Cela pourrait devenir problématique. »

Deux établissements scolaires fermés jusqu'au 23 septembre

à Castres-Gironde
A Castres, le virus a été détecté mardi chez sept élèves de l'école maternelle Lions de Guyenne, entraînant la fermeture des quatre classes de l'école. L'absence de cours le mercredi a offert un délai pour prévenir par téléphone les parents des 97 élèves concernés. Leurs cours ne reprendront que le jeudi 24 septembre, mais le maintien de ceux de l'école primaire adjacente fait craindre au maire Daniel Constant que le virus ne se répande de toute façon : « Ils disent vouloir rompre la chaîne de transmission, dit-il, mais ils ne pourront que la freiner. Ce serait un miracle que le virus n'apparaisse pas dans l'école primaire. »

Au Haillan
Quand la décision de fermer une classe de CM2 de l'école du Centre, au Haillan, est parvenue de la préfecture, hier matin, ce ne fut une surprise pour personne. On savait depuis la veille que plusieurs enfants présentaient les symptômes de la grippe A. Hier, mercredi, il n'y avait pas école. Par conséquent, la fermeture effective de la classe interviendra ce matin. Le maire, Bernard Labiste, indiquait qu'il s'était entretenu de la situation avec le directeur de l'école. Les parents ont été prévenus individuellement de la situation, à savoir une suspension des cours jusqu'au 23 septembre. La seule solution étant alors, pour eux, le maintien des enfants à domicile.
De leurs côtés, les agents municipaux se sont livrés à un nettoyage poussé de la salle de classe concernée et des locaux communs, s'appliquant à désinfecter les poignées de portes, les interrupteurs, bureaux, sanitaires, conformément au plan qui a été élaboré par les élus et les chefs des différents services au mois d'août. Hier matin, à 10 heures, la préfecture faisait état de six cas de grippe A à l'école du Centre, dans la même classe.

Au Bouscat
Deux classes de troisième avaient déjà fermé lundi. À partir de ce matin, et jusqu'au 23 septembre, l'ensemble de l'établissement n'accueille plus les enfants (voir ci- dessus).

Talence
Talence n'a pas été épargnée par la pandémie de grippe A. Cinq cas suspects ont été détectés au collège Victor-Louis, les cours de la classe de troisième 5 sont suspendus. La trentaine d'élèves a donc été placée en vacances forcées. Comme pour les autres établissements scolaires, les cours devraient reprendre le 24 septembre, conformément aux prescriptions de la pré- fecture.

Auteur : LAURIE BOSDECHER l.bosdecher@sudouest.com